Le Projet

Danse Passante

26 juillet — 6 août 2021

Une manifestation poétique de Nantes à Douarnenez

 

A l’été 2021, pendant 10 jours, une bande de danseuses, chercheure.s, collaboratrices, se rassemblent pour arpenter en dansant les chemins de halage le long du Canal de Nantes à Brest jusqu’à Redon et le GR 38 de Quimper à Douarnenez, à la rencontre.

150 kilomètres pour retrouver les corps, le mouvement et cheminer ensemble.

Un itinéraire pour expérimenter l’espace de la danse sur une scène inhabituelle, extérieure, mobile, paysagée, ouverte, naturelle.

Expérimenter les désirs de partages de gestes, de musiques et de chants, de débat sur la place des corps dans la cité et dans notre quotidien.

Danse Passante est une idée, une joyeuse résolution prise début 2021.
Mise en œuvre très rapidement et collectivement, cette aventure est aussi une expérimentation pour éprouver, tester un dispositif, des distances, les relations aux publics et aux partenaires territoriaux.

Sans que cela en soit l’objectif, cette itinérance pourra être réactivée à l’été 2022 ou à d’autres moment, ailleurs. Elle pourrait par exemple être déployée sur la totalité du canal de Nantes à Brest, ou sur le Canal du Midi, dans la ville de Nantes, au travers d’un département.

© Cartes réalisées grâce à la la collaboration de Alice Panziera (dessins) de MAP[Paysagistes] et Anne Vanwynsberghe (graphisme)

© Cartes réalisées grâce à la la collaboration de Alice Panziera (dessins) de MAP[Paysagistes] et Anne Vanwynsberghe (graphisme)

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DANSE PASSANTE vous est ouverte.

 

Chacun.e y est bienvenu.e pour 1h, une matinée, une journée ou plus :
marcheurs, marcheuses, adultes, enfants, cyclistes, oiseau, chat, danseur.eu.ses, musicien.ne.s, chanteurs, chanteuses, touristes, curieuses, habitants…
On peut y danser, la regarder, l’écouter, la laisser passer, y jouer de la musique, y chanter…

Nous espérons qu’une dissémination des gestes, des musiques, des mots et des regards se fera naturellement et simplement.
Les membres de la bande Danse Passante partageront leurs pratiques et leurs imaginaires, leurs mots. Les vôtres sont aussi bienvenus.

Nos danses seront improvisées ou transmises par qui le souhaite.

Nous désirons ouvrir ici un espace-temps pour partager des gestes porteurs d’histoires et d’attentions et valoriser l’expérience sensible au cœur de ce qui nous traverse.

Penser nos pratiques de danse contemporaine dans ce contexte de façon nomades et partageables nous offre aussi les occasions de transposer nos imaginaires dans le paysage et dans le collectif retrouvé.

Nos danses seront parfois à observer, parfois à danser avec nous. Nous varierons au cours du chemin nos adresses et nos propositions. Nous chercherons chaque jour à mettre dans l’espace partagé du canal ou du GR des mouvements dansés et des paroles chantées, pour ensemble retrouver nos corps et nos voix trop longtemps mises en retrait.


Invitations

 

Des invitations sont ouvertes à des musicien.e.s de toutes provenances, styles et pratiques, intéressés par le cheminement et par la performance de jouer en avançant. Nous souhaitons rencontrer les habitants du chemin engagés à des endroits spécifiques, des artistes dont la démarche nous intéresse.

Musicien.ne.s — en solo, en duo ou en fanfare — sont invité.e.s à nous rejoindre chaque jour. D’autres artistes, professionnels, habitants viennent aussi partager de leurs pratiques.

« Il n’y a rien de plus sérieux aujourd’hui que de devenir capable, à notre tour, d’inventer collectivement des dispositifs qui nous protègent à la fois du désespoir et du cynisme, comme des paroles qui suspendent le cours habituel des choses et (re)créent du possible. »

Starhawk, Rêver l’obscur. Femmes, Magie et Politique (Cambourakis, 2015) traduction rééditée de Dreaming the Dark: Magic, Sex and Politics (1982).


Imaginaires, points de départ

Un échange côte à côte entre vivants, un espace pour imaginer ensemble des futurs désirables, se raconter des histoires et se les représenter.

 

Dans la période actuelle si particulière pendant laquelle les corps en mouvements sont contraints et la danse souvent vue par l’intermédiaire des écrans, le désir est fort pour les danseur.euse.s de reprendre des expériences de partage avec les habitants.

Danse passante est une forme de réponse à ce désir fort.
Début 2021, la chorégraphe Julie Nioche a partagé cette idée d’aventure dansée à un collectif de collaboratrices .
Avec A.I.M.E. et depuis mars 2020, elle initiait des projets in situ, hors théâtre, pouvant se partager en petit comité, en espace “protégé”.

Il s’agit toujours de pister les interstices pour persévérer dans la spécificité de l’art vivant : l’expérience sensible partagée en un espace-temps commun.

Danse passante est un retour à l’espace, ouvert, public, vaste, naturel.

Photo ci-dessus : la procession dansante D’echternach / Henry Neige - Nouvelle iconographie de la Salpétrière © Catalogue de l’exposition Danser brut, Editions LaM 2018.

Photo ci-dessus : la procession dansante D’echternach / Henry Neige - Nouvelle iconographie de la Salpétrière © Catalogue de l’exposition Danser brut, Editions LaM 2018.

Notre imaginaire pour Danse passante a été puisé dans les histoires vraies d’”épidémies de danses”. Certaines périodes de grandes répressions et de restrictions ont été des contextes d’apparitions de celles-ci en Europe depuis le moyen-âge et ce jusqu’à la fin du XIXeme siècle. On peut citer : la Tarantelle, en Italie du Sud, le Mal des ardents en France et aux Pays-Bas, la procession dansante d’Echternach, la dansomanie…
Ces danses qui pouvaient toucher jusqu’à des milliers de personnes et se répandaient parfois sur plusieurs pays étaient des manifestations de résistance à la domination exercée tout en favorisant la transmission d’un patrimoine. Elles sont à l’époque considérées comme l’opération du diable, ou l’expression de la folie. Dans le catalogue de l’exposition 1518, la fièvre de la danse, il est relevé que ces manies de danse sont “une suspension momentanée de l’ordre établi qui continue d’interroger nos constructions sociales”.

Dessin ci-dessus : une vision de Danse passante imaginée par Alice Panziera © juin 2021

Dessin ci-dessus : une vision de Danse passante imaginée par Alice Panziera © juin 2021

Danse Passante est aussi une des déclinaisons de PODERE projet artistique polymorphe initié par Julie Nioche à partir de 2020.
PODERE signifie “être capable” en latin populaire. Avec ce projet, il s’agit d"‘expérimenter plusieurs manifestations du “pouvoir du dedans”. C’est le pouvoir décrit par l’écrivaine, militante écoféministe Starhawk dans son ouvrage Dreaming the Dark (Rêver l’Obscur - 1982). Cette sorcière néopaïenne de 70 ans aujourd’hui nous y raconte avec vivacité le pouvoir existant en chacun, la puissance des actions collectives et des savoirs du corps.